Le 1er octobre 2021 a eu lieu à Belleville-en-Beaujolais (département 69), les 19EME Rencontres Régionales de l'Eau et de l'Assainissement, organisées par les Canalisateurs du Sud-Est sur la thématique "Les solutions futures viennent des territoires !".
En voici les points clés.
180 entrepreneurs, élus locaux, représentants de la maitrise d'œuvre et de la maitrise d'ouvrage ont participé aux 19e Rencontres Régionales de l'Eau et de l'Assainissement organisées par les Canalisateurs du Sud-Est vendredi 1er octobre dernier au Cinéma Le Singuliers à Belleville-en-Beaujolais (69). Chaleureusement accueillie par Frédéric PRONCHERY, maire de Belleville-en-Beaujolais, et en présence d'Alain GRIZAUD, président des Canalisateurs, cette 19e édition a montré la vitalité du lien qui anime collectivités locales et entreprises pour la gestion des eaux usées et pluviales.
L'occasion pour Michel REGUILLON, président des Canalisateurs du Sud-Est de préciser l'esprit de ce rendez-vous important pour une profession qui a accusé en 2020 une baisse de 13% de son activité. « La gestion de l'or bleu est un véritable enjeu pour optimiser les ressources. C'est grâce à la qualité des échanges sur la vision globale des projets entre agences de l'eau, techniciens, élus des collectivités locales, syndicats intercommunaux des eaux, cabinets d'ingénierie et entreprises que les solutions alternatives prennent forme. C'est tout le sens de cette 19e édition ».
Pour des villes perméables !
« Le rythme a doublé en 1 an ! » C'est par ces mots que Nicolas ALBAN directeur régional de l'Agence de l'Eau Rhône Méditerranée Corse fait le point sur l'utilisation du plan de rebond de 180 millions € de son agence et du plan de relance de l'Etat de 80 millions € accordés aux collectivités dès le début de la crise sanitaire : printemps 2021, 100 % des enveloppes avaient été consommées en Rhône-Alpes et près de 85% en PACA Corse avec des fléchages à 60% dans l'eau potable, 25% en assainissement et 15% en eau pluviale.
Le 11e plan a pris le relais en « remettant l'eau au cœur des villes » avec comme priorités économies d'eau, protection de la ressource, réduction des points noirs et désimperméabilisation des sols. « Les solutions fondées sur la nature ont besoin d'une ingénierie avec une mise en œuvre très fine que les entreprises peuvent apporter ! La ville perméable est une vraie opportunité d'échanges entre collectivités locales et entreprises car elle fait la connexion entre le grand cycle de l'eau et le petit cycle de l'eau et permet aux collectivités de monter en compétences ! » souligne Nicolas ALBAN.
Réfléchir ensemble, de façon globale, sur les techniques alternatives
En préambule de la 1ère table ronde intitulée « Eaux pluviales & eau potable, vers une gestion concertée pour préserver la ressource en eau » Jean LAUDAY, président du Comité National de l'Eau a rappelé que « l'eau est en haut de l'agenda politique » et qu'il existe un « continuum de l'eau ». Il a souligné l'importance de l'échelon départemental qui, de par sa fonction d'ensemblier permet de déclencher des investissements massifs. Il est nécessaire de « travailler à une meilleure organisation des collectivités locales aidées en cela par les agences de l'eau qui ont le pouvoir de favoriser la vision transversale des projets ».
« Nous sommes au service de l'eau de pluie ! » ajoute Elisabeth SIBEUD, Responsable Service pilotage assainissement Eaux-Usées Eaux-Pluviales et Gestion des Milieux Aquatiques et Prévention des Inondations (GEMAPI) - Direction de l'Eau et de l'assainissement Métropole de Lyon (69) qui souligne recourir régulièrement aux fossés en dépression et aux tranchées drainantes à base de galets techniques pour répondre au besoin croissant en eaux de pluie des nouveaux espaces urbains végétalisés.
Il faut « sortir des silos, réfléchir à plusieurs de façon globale pour partager une vision sur les techniques alternatives possibles, avec les élus locaux d'une même intercommunalité » souligne Elodie BOULOGNE, représentante de la délégation AuRA - Syntec. « Seule une volonté politique forte permet d'avoir une vision globale de l'eau, en particulier sur la désimperméabilisation des sols, qui est un sujet fédérateur entre élus locaux et cabinets d'ingénierie » selon Pascal PETIT, directeur technique de la Roannaise de l'Eau (80 communes).
Constat partagé par Nicolas KRAAK, directeur du Syndicat Mixte d'Hydraulique Agricole du Rhône - SMHAR qui précise la nécessité d'avoir une réflexion commune sur la réalimentation artificielle et sur le patrimoine dormant pour utiliser les pompes afin de stocker l'eau l'hiver en vue de l'utiliser l'été, en raison de pluies de 5 à 10 mm qui ne rechargent plus les milieux.
Initiative citoyenne et volonté politique
« L'important, c'est de démarrer. Les solutions futures viennent des territoires ! » s'enthousiasme Frédéric PRONCHERY au commencement de la 2e table ronde intitulée « Valorisation des eaux usées : l'eau comme ressource ». Avec la volonté politique d'une petite collectivité moteur et de démonstrations qui montrent qu'il y a plus de bénéfices que d'inconvénients, le maire de Belleville-en-Beaujolais a réussi à installer dès 2004 un réseau de chaleur à partir des eaux usées ainsi qu'un méthaniseur à partir de la récupération des boues de la station d'épuration qui sera opérationnel en 2023 !
En 2022, la commune de Belleville-en-Beaujolais produira sa propre électricité et aura sa marque territoriale.
Selon Christophe TANCRÉ, Représentant Délégation AuRA - CINOV, les cabinets d'ingénierie sont des facilitateurs. Ils permettent de traduire la volonté politique, d'accompagner l'initiative citoyenne et de démontrer la valeur ajoutée d'un projet sur sa durée d'amortissement, qui demeure identique qu'il s'agisse d'une usine de méthanisation (40 ans) ou d'une station d'épuration dite classique.
« L'initiative locale est très ouverte aux techniques alternatives et les élus locaux sont parfois rattrapé par la conscience citoyenne » souligne Christophe TOUZEAU, Directeur Pôle Eau - Grand Lac, Aix-les-Bains (74) où un ensemble de chalets est chauffé grâce aux 12 000 m3 jour d'eaux usées. Les gens sont prêts, mais il faut là encore une forte impulsion politique avec une volonté prononcée pour dépasser les blocages techniques ponctuels. C'est le cas de la réutilisation d'eaux usées traitées de la station d'épuration de la Communauté d'agglomération Porte de l'Isère présenté par son directeur Eau et Assainissement Yves COQUE et pour laquelle l'Association Régionale de Santé Auvergne-Rhône-Alpes souhaite avoir toutes les garanties avant de donner son feu vert et éviter ainsi tout risque sanitaire.
Sources : Les Canalisateurs du Sud-Ouest Octobre2021
Pour rappel, Au sein du secteur des travaux publics, les entreprises de canalisation représentent 18% de l'activité, derrière l'industrie routière. En Rhône-Alpes PACA-Corse, l'activité Adduction d'eau - Assainissement représente un chiffre d'affaires de 1,025 milliard € en 2019 pour un total de 9 000 salariés.
Le confinement n'a pas épargné le secteur, qui a cependant réussi à reprendre dès la fin du mois d'avril en travaillant rapidement avec son organisme de prévention des risques professionnels - l'OPPBTP - à la mise en place d'un Guide de préconisations de mesures sanitaires pour assurer la sécurité du personnel sur les chantiers.
Avec 118 entreprises dont 90% ont moins de 250 salariés - 79 en Rhône-Alpes et 39 en Provence Alpes Côte d'Azur-Corse - les entreprises adhérentes des Canalisateurs du Sud-Est sont spécialisées dans la pose et la réhabilitation de canalisations d'eau potable, d'eaux usées, d'irrigation et de gaz. Les Canalisateurs représentent la deuxième activité des Travaux publics (20%), derrière l'industrie routière.