Douche froide pour le Ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, Christophe Béchu, après avoir vu son invitation déclinée par les présidents Norbert FONTANEL (BTP Rhône et Métropole) et Samuen MINOT (FFB Auverges-Rhône-Alpes).
Notre rédaction vous relaie la lettre ouverte adressé au Ministre, expliquant les raisons de ce refus de participer à cette réunion.
Villeurbanne, le 21 février 2024
"LE TEMPS N’EST PLUS A LA CONCERTATION, MAIS A LA CONSIDERATION ET SURTOUT A L’ACTION.
Lettre ouverte au Ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires de France, Christophe Béchu
Monsieur le Ministre,
Par un mail du 20 février dernier, vous avez bien voulu nous inviter, ce jeudi 22 février, dans les salons de la Préfecture, à « débattre de (nos) attentes, (nos) projets ou (nos) difficultés en matière de transition écologique et de cohésion des territoires » dans le cadre d’une réunion intitulée « Réussir ensemble la transition écologique dans le Rhône » en présence des Ministres des Collectivités Territoriales et de la ruralité, du Logement, de la Ville et de la citoyenneté, de la Mer et de la biodiversité.
Concernant le Bâtiment, nous avons pris la décision de décliner votre invitation.
Notre engagement en matière de transition écologique n’est plus à démontrer et vous nous trouverez toujours à vos côtés pour prendre toute notre part dans la lutte contre le réchauffement climatique et la décarbonation de notre filière.
En Auvergne Rhône-Alpes, près de 10 000 entreprises sont certifiées RGE, dont 3 500 dans le Rhône. Depuis plus de 15 ans, la Fédération du Bâtiment Auvergne-Rhône-Alpes, la Fédération BTP Rhône et Métropole, le réseau des Fédérations départementales accompagnent les entreprises dans leurs mutations en partenariat étroit avec les Agences de l’Eau, l’Ademe, la Région et l’Europe (RE 2020, diagnostic flux, mobilité alternative, recyclage des déchets…).
Pour notre filière, l’heure n’est plus à la concertation mais à l’action. Depuis des mois, nous vous alertons sur l’ampleur de la crise et ses conséquences. Depuis la Commission REBSAMEN jusqu’au Conseil National de la Refondation du Logement, nous vous soumettons toute une série de propositions pour construire une politique ambitieuse du logement, sans succès.
Tout récemment encore, notre président Olivier SALLERON a été reçu par vos soins et Monsieur Guillaume KASBARIAN, votre Ministre délégué du Logement, pour apporter les simplifications au dispositif MaPrimeRenov’ ardemment sollicitées par la Profession ; Trois jours plus tard, le Gouvernement décide de raboter de 1 milliard d’euros le seul dispositif d’aide à la construction qui était encore épargné.
Les mesures annoncées d’allégement du DPE et de simplification du dispositif MaPrimeRenov’, bien qu’indispensables, ne pourront pas alimenter sérieusement le choc d’offres espéré et soutenir le marché de la rénovation qui s’essouffle. En Auvergne-Rhône-Alpes, les dossiers MaPrimeRenov’ engagés à la fin du troisième trimestre 2023 ont baissé de 20 % sur un an.
Le temps n’est plus à la concertation mais à l’action, Monsieur le Ministre.
Madame Fabienne BUCCIO, Préfète de Région, Préfète du Rhône, qui n’hésite pas à reprendre courageusement la main sur la délivrance des permis de construire lorsque cela se révèle nécessaire, nous a reçus le 6 février dernier. Nous avons pu réitérer nos propositions et l’alerter sur les 15 000 emplois menacés dans notre région, dont 5 000 dans le seul département du Rhône, si rien n’est fait. Nous avons pu rappeler l’opposition contreproductive qui perdure, sans aucune raison, ni logique et contre tout bon sens, entre rénovation et construction neuve.
Si la rénovation des logements existants constitue bien aujourd’hui un enjeu majeur, il ne sera pas possible de réussir cette réhabilitation de l’ancien sans le logement neuf. Ne serait-ce que parce que les opérations de réhabilitation nécessitent un stock tampon pour reloger les occupants. Ce seul stock correspond dans le Rhône à environ 1 500 logements par an. Pourquoi continuer de stigmatiser la construction neuve ? Avec la RE 2020, la France est le premier pays à avoir introduit une réglementation qui, aux normes de performance thermique, a rajouté un critère sur l’empreinte carbone. C’est sans doute l’une des réglementations les plus exigeantes conçues expressément pour maîtriser l’impact des constructions neuves sur le climat !
Pour réussir la transition écologique dans le bâtiment, nos propositions sont sur la table : retour d’un PTZ élargi, création d’un statut pérenne pour les bailleurs privés, simplification drastique et maintien du budget de MaPrimeRenov’ en soutien à la demande, rendre la REP opérationnelle pour les entreprises en déployant un vrai maillage territorial …
S’il ne s’agissait que de nous ! Mais cette crise n’est déjà plus la nôtre et emporte aujourd’hui des conséquences sur l’ensemble de l’économie et de la société : les contributions du bâtiment aux budgets de la nation et des collectivités se dégradent, le mal logement explose, la rénovation énergétique et la trajectoire bas carbone s’essoufflent, l’emploi s’effrite, la réindustrialisation peine faute de logements... Le temps n’est plus à la concertation, mais à la considération et surtout à l’action.
Espérant vivement que vous entendrez cet ultime appel, nous vous prions de croire, Monsieur le Ministre, à l’assurance de notre haute considération."
Norbert FONTANEL Président Fédération BTP Rhône et Métropole.
Samuel MINOT Président FFB Auvergne-Rhône-Alpes.
Source FFB AuRA - BTP Rhône et Métropole - le 21-02-2024